La Femme Belge

LA FEMME BELGE

Organe de langue française du Mouvement social féminin chrétien de Belgique et de l’Ecole normale sociale catholique de Belgique

Le samedi 30 avril, les secrétaires régionales des œuvres sociales féminines chrétiennes de Belgique se sont réunies au Secrétariat général à Bruxelles, pour discuter la fondation d’un organe de langue française du mouvement social féminin chrétien de Belgique.

Depuis 1913, la Revue La Femme Belge publiait entre autres articles, des articles d’ordre social et une documentation assez abondante sur les faits sociaux intéressant la femme en Belgique et à l’étranger.

D’accord avec le Comité de Rédaction de La Femme Belge, les secrétaires régionales des O.S.F.C. ont résolu d’étendre la partie sociale de cette revue et d’en faire une édition spéciale qui soit l’organe des œuvres sociales féminines catholiques de Belgique.

 Cette publication offrira aux dirigeantes et aux propagandistes de notre mouvement social, l’occasion de discuter et d’orienter les idées qui doivent diriger leur action ; elle suscitera, publiera des enquêtes sociales et en fera l’interprétation ; elle s’attachera à provoquer et à encourager les initiatives. La direction de cette « édition sociale » de La Femme Belge sera assumée par les déléguées du secrétariat général et des secrétariats régionaux des autres sociales féminines chrétiennes, se réunissant chaque mois pour décider du sujet des articles, des points de vue à développer, et des initiatives à promouvoir.

Outre ces articles, la revue publiera des travaux pour les cercles d’études, et des documents sélectionnés et classés immédiatement utilisables par les services de documentation de nos secrétariats. Elle donnera également les communications des secrétariats : avis, demandes de renseignements, rapports, etc.

Ainsi, l’édition sociale de La Femme Belge fournira aux femmes d’œuvres et à toutes celles qui veulent collaborer au mouvement social féminin, des directives et des instruments d’études et de travail. De même, elle sera pour les élèves, ayant suivi les cours de l’École normale sociale catholique, une organe de ralliement et une mise au point continuelle des connaissances acquises pendant leurs études.

Les dirigeantes de l’action sociale féminine catholique sont unanimes à reconnaître la nécessité de cette publication.

Les cadres de notre action sont à présent établis : organisations professionnelles, sociétés coopératives, institutions de prévoyance, collaboration aux œuvres de l’enfance et d’hygiène sociale, ligues féminines ouvrières, cercles d’études sociales à tous les degrés, toutes ces œuvres et institutions, toute cette action centralisée par nos secrétariats régionaux, atteint déjà environ 50.000 adhérentes.

Le centre de formation sociale nécessaire pour la préparation des femmes catholiques destinées à collaborer aux œuvres d’organisation sociale tant publiques que privées s’est constitué. Fondée, l’an dernier, l’École normale sociale catholique a repris, développé et condensé en un enseignement systématique de deux années, les cours de formation sociale et religieuse institués en 1916 par le secrétariat, général. En connexion avec cet enseignement central, six écoles régionales en province, dispensent également aux collaboratrices de nos œuvres, l’enseignement social élémentaire qui leur est indispensable et préparent certaines d’entre elles à poursuivre leurs études à l’École normale sociale.

Le moment est donc venu de compléter notre œuvre d’organisation et d’enseignement, par un organe qui en développe le programme et en dirige l’action.

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Chaque jour, de nouveaux problèmes se posent qui intéressent à la fois la vie personnelle, la vie familiale, professionnelle civique et sociale de la femme. Il importe aux travailleuses de l’action sociale catholique de chercher à les résoudre, en conformité avec nos principes moraux et religieux, de manière à promouvoir, dans la plus large mesurer le progrès social.

L’industrie et le commerce, l’enseignement, les carrières libérales, les fonctions qu’un service social de plus en plus compliqué multiplie, appellent dans notre pays comme dans les autres, un nombre de femmes de plus en plus grand. Une activité extra-familiale risque ainsi de compromettre la formation et l’avenir des jeunes filles appelées à fonder un foyer, elle arrache les épouses et les mères à leur devoir primordial. Et pourtant, l’accomplissement de la mission de la femme au sein de la famille est essentiellement nécessaire au maintien de l’ordre social ; le travail féminin devient donc, à l’heure présente, un des termes les plus importants du problème social.

A cette situation, l’Union professionnelle chrétienne cherche un remède. Elle demande une organisation du travail qui, en tenant compte des nécessités économiques laisse subsister la famille sur ses bases naturelles et chrétiennes.

Il reste immensément à faire dans notre pays, pour étudier les conditions du travail féminin, pour en dévoiler et corriger les dangers et les abus, pour déterminer les travailleuses elles-mêmes à travailler à l’amélioration de leur sort, pour obtenir des pouvoirs publics les interventions et les mesures de protection nécessaires.

Ce sera donc le rôle de La Femme Belge d’éclairer les consciences féminines sur la gravité de cette question, de seconder les efforts des propagandistes syndicales, de faire comprendre aux femmes catholiques le devoir qu’elles ont d’aider leurs sœurs ouvrières à maintenir leur foyer.

A aucune époque peut-être autant qu’à la nôtre, ne s’est imposée la nécessité de faire progresser la démocratie par l’Éducation. Aussi bien les œuvres sociales féminines chrétiennes poursuivent avant tout un but d’éducation : les progrès matériels mêmes qu’elles demandent, les avantages économiques qu’elles procurent, ne sont que des moyens qui tendent à rendre possible cette éducation.

L’éducation par la famille revêt une importance et un caractère de nécessité sociale qui frappe tous les jours les observateurs sociaux. C’est un point de vue que La Femme Belge se propose de mettre à l’avant-plan de son programme, en même temps qu’elle se fera la propagandiste de toutes les œuvres et publications poursuivant le développement de la pédagogie familiale.

La personnalité féminine doit être développée par une éducation qui tienne compte de la place occupée par les femmes dans l’organisation actuelle de la société et de la mission qu’elles doivent y remplir. La nécessité de cette adaptation se fait sentir dans l’Enseignement à tous les degrés : enseignement primaire et moyen qu’il importe de généraliser et de faire progresser pour l’instruction des masses ; enseignement professionnel, préparant la travailleuse dont la société économique a besoin, tout en sauvegardant la formation non moins nécessaire de la mère et de la ménagère de demain ; enseignement supérieur formant l’élite capable d’assumer les rôles de direction. Le succès, chaque année grandissant, de nos Semaines sociales et pédagogiques pour institutrices et régentes, les bonnes relations des institutions d’enseignement supérieur pour jeunes filles avec nos organisations féminines, les études à l’université de Louvain de certaines collaboratrices de nos œuvres amèneront une coopération de plus en plus suivie et fructueuse entre l’enseignement féminin catholique et notre mouvement social. Notre Revue espère y contribuer par des articles de pédagogie sociale, les enquêtes et les documents qu’elle fournira au personnel enseignant.

Mais la formation intellectuelle et morale de l’enfant, de la jeune fille du peuple, de l’ouvrière doit se poursuivre encore au-delà de l’école, et à côté de celle de la famille. Tant de lacunes sont encore à combler, tant de déviations à redresser, tant de pernicieuses influences à combattre, tant de dangers à prévenir ! — Ce que doit être cette éducation les méthodes qu’il convient d’employer, les œuvres d’éducation ouvrière qu’il faut établir ou réformer, la préparation de celles qui s’y dévouent seront un des sujets les plus fréquemment abordés par notre Revue.

    L’Immoralité publique procède de trop de causes économiques et sociales, elle compromet trop la dignité et le bonheur de la femme et de son foyer, et fait trop de victimes dans la classe ouvrière, pour qu’elle ne soit pas aussi l’objet de nos campagnes les plus énergiques et les plus opiniâtres ; nous espérons que cette organe sera une de nos meilleures armes.

    Des changements au statut légal de la femme doivent se faire en raison même des transformations de sa vie économique et sociale ; la révision du Code civil s’appliquant à la femme et à l’enfant, la protection légale des travailleuses doivent être étudiés, non en partant d’un principe faux de lutte des sexes, mais en s’inspirant de l’idée d’ordre qui doit assurer à chacun dans la société la protection de ses droits et le libre exercice de ses devoirs. Bien d’autres réformes inscrites au programme social des femmes catholiques devront s’obtenir également par la voie législative L’action féminine devra donc s’exercer indirectement ou directement sur le terrain politique. D’autre part, le droit de suffrage impose aux femmes le devoir de se mettre à même de l’exercer, pour le bien commun. L’Éducation civique et politique doit donc être à l’ordre du jour de notre mouvement social. La Femme Belge se propose de faire à cette éducation, notamment en exposant le programme de législation sociale des groupements professionnels féminins, les revendications d’ordre juridique des ligues féminines et le programme communal qui s’élabore dans notre organisation sociale féminine chrétienne

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Au grand effort de reconstruction sociale que fait en ce moment notre pays, nous devons nous, femmes catholiques, donner notre aide. Epouses et mères, gardiennes des foyers, éducatrices des enfants, coopératrices de l’homme dans la vie économique, politique et sociale du pays, il faut que nous soyons à la hauteur de notre tâche, il faut que nous accomplissions parfaitement notre mission de femmes.

Nous former afin d’être des membres utiles de la société, contribuer dans la mesure de nos moyens à améliorer, par l’organisation et l’éducation les conditions sociales de l’heure présente, travailler au règne social de Jésus-Christ qui seul peut apporter la paix au monde, tel est l’immense désir qui anime en ce moment le mouvement social des femme catholiques belges. Puisse ce désir être secondé par cette revue, elle n’a pas d’autre but.

Victoire Cappe.

En la fête de Marie-Médiatrice, Bruxelles, 31 mai 1921.

Bulletin de Souscription

« LA FEMME BELGE », 75, boulevard Clovis, Bruxelles

SOURCE

La Femme belge, 1913 (KADOC)